Rapport Lecko 2025 - La transformation interne à l’ère de l’IA et du numérique responsable : un défi pédagogique et organisationnel
Le dernier rapport de Lecko (janvier 2025) sur la transformation interne nous plonge dans les mutations profondes que connaissent les organisations à l’ère de l’hyperconnexion, du numérique responsable et de l’intelligence artificielle générative. Ces thématiques, si elles concernent directement les entreprises, intéressent aussi les enseignants d’économie-gestion, puisqu’elles trouvent des résonances concrètes dans nos programmes et référentiels.
Lecko est un cabinet (français) de conseil et d’analyse spécialisé dans la transformation numérique et collaborative des organisations. Il publie chaque année un rapport de référence qui évalue les usages numériques, les impacts environnementaux et les innovations liées à l’IA et aux Digital Workplaces. Son approche combine études de terrain, veille technologique et accompagnement stratégique des entreprises.
Entre surcharge cognitive, émissions carbone numériques et arrivée massive de l’IA générative, le paysage managérial et organisationnel se complexifie. Et, comme souvent, ce qui semble relever du jargon de consultants n’est finalement rien d’autre que du management des organisations revisité, avec quelques avatars numériques en bonus.
Hyperconnexion et surcharge cognitive : un nouvel enjeu RH
L’étude met en évidence un fait désormais bien documenté : l’hyperconnexion est devenue la norme pour une grande partie des cadres. Réunions à la chaîne, multitâche, explosion des canaux de communication (mails, chats, visios) composent une journée de travail qui ressemble parfois davantage à un marathon qu’à une séquence organisée.
Cette hyperconnexion entraîne une fatigue cognitive mesurable : baisse de l’efficacité, démotivation, perte de sens, voire burnout. Comme le souligne Lecko, « le cerveau humain n’a pas été conçu pour traiter simultanément plusieurs tâches », et certainement pas pour passer d’une réunion Teams à un chat WhatsApp avant de répondre à 25 mails (le tout en surveillant l’impression de la photocopieuse 🙂 ).
Les professeurs de RHC en terminale STMG reconnaîtront ici des illustrations parfaites des notions de qualité de vie au travail et de prévention des risques psychosociaux.
Numérique responsable : quand la sobriété s’invite dans les organisations
L’autre apport majeur de ce rapport réside dans la prise en compte des impacts environnementaux du numérique. On le savait pour les voitures, un peu moins pour nos mails : chaque giga stocké ou transmis contribue à l’empreinte carbone des organisations. Lecko chiffre par exemple l’impact d’une réunion en visio à environ 0,36 gCO2e par minute et par participant. Certes, ce n’est pas énorme, mais multiplié par des milliers de réunions, cela devient une problématique collective.
Ce constat ouvre la voie à une approche pédagogique féconde : montrer aux étudiants que la transition écologique n’est pas qu’une affaire de pots catalytiques et de recyclage, mais aussi de pratiques managériales et numériques. Lecko est un cabinet de conseil et d’analyse spécialisé dans la transformation numérique et collaborative des organisations. Il publie chaque année un rapport de référence qui évalue les usages numériques, les impacts environnementaux et les innovations liées à l’IA et aux Digital Workplaces. Son approche combine études de terrain, veille technologique et accompagnement stratégique des entreprises.
Les programmes de BTS SAM et BTS Communication peuvent ici intégrer des exemples concrets de démarches de sobriété numérique, allant du tri des données stockées à l’optimisation des pratiques collaboratives.
IA générative : solution miracle ou mirage organisationnel ?
Sans surprise, l’IA générative occupe une place centrale dans l’édition 2025. Présentée tantôt comme un levier de productivité, tantôt comme une source d’illusions techno-solutionnistes, elle ne réduit pas mécaniquement l’hyperconnexion ni le nombre de mails. Au contraire, elle risque parfois de l’amplifier.
La véritable valeur ajoutée de l’IA réside donc moins dans la promesse d’une automatisation totale que dans la réorganisation des pratiques de travail. Lecko rappelle que l’enjeu n’est pas tant de déléguer à Copilot ou ChatGPT l’ensemble de nos tâches, mais de repenser nos modalités de collaboration pour restaurer un équilibre entre performance et qualité de vie. Autrement dit : si l’IA peut faire une synthèse de réunion, encore faut-il qu’il y ait eu une réunion utile !
Transversalités pédagogiques : quand les programmes rencontrent la réalité
Enseignants d’économie-gestion, vous trouverez dans ce rapport une mine d’exemples pour illustrer leurs cours :
En Terminale STMG RHC, les thématiques de l’hyperconnexion, de la prévention des risques et de la QVCT s’intègrent parfaitement dans l’étude du rôle du management face à la performance et à la santé des salariés.
En BTS SAM, la réflexion sur la sobriété numérique et la gestion des flux de communication éclaire la compétence « optimiser les processus administratifs ».
En BTS Communication, l’analyse des usages responsables du numérique et de l’IA permet d’aborder la question de la communication éthique et durable.
Ainsi, le rapport de Lecko ne se réduit pas à un document technique pour directions des systèmes d’information. Il fournit une matière vivante pour relier nos enseignements à l’actualité économique, sociale et technologique.
En tant qu’enseignants, notre rôle est d’aider les étudiants à comprendre ces contradictions, à les analyser et, peut-être, à y répondre demain en tant que professionnels. Car après tout, comme le montre Lecko, il ne suffit pas d’installer un logiciel ou un assistant IA pour transformer une organisation : c’est d’abord une question de culture, de pratiques et de management. Et là, bonne nouvelle : nous avons encore, nous humains, une longueur d’avance… jusqu’à preuve du contraire !
Bonne découverte 🙂
Mohamed Elouifaqi